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 Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.

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MessageSujet: Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.    Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.  I_icon_minitimeSam 16 Juin - 19:28

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« Mardi 13 mai 2011.
J’ai regardé une dernière fois ma campagne natale. Elle allait me manquer, c’était certain, mais je n’avais pas vraiment le choix. C’était moi ou nous tous, et je ne compte pas sacrifier la plupart des personnes qui me sont chères. Non seulement elles sont peu nombreuses, mais si en plus je commence à les mettre en danger... Impensable.
Je me suis retournée. Le petit village est sorti de mon champ de vision, et j’ai songé que je ne retournerai certainement jamais là bas. Je me suis penchée sur ma moto. Je ne voulais pas pleurer, surtout pas. Alors j’ai accéléré, et j’ai profité de la caresse de la brise contre mon corps tout entier. Il était quatre heures du matin, le soleil ne s’était pas encore levé et moi, j’étais là, petite chose insignifiante mais si dangereuse, seule sur l’autoroute. Je partais parce que c’était nécessaire, je partais parce que j’en avais besoin, je partais pour les protéger, je partais parce que et de toute façon, quelles que soient les raisons, je partais. A jamais et pour toujours.
« Farewell, everybody. ». Puissiez-vous retrouver la vie que vous méritez, celle que je vous avais empêché de vivre. Puissiez-vous me pardonner, aussi. Chose dont je doutais, et chose qui me faisait le plus de peine. Oui, j’étais triste, et j’étais heureuse en même temps. J’allais enfin pouvoir débuter une nouvelle vie. J’ai serré plus fort le guidon de ma moto, pour oublier tous ces moments de bonheur passé. Je ne voulais pas penser à ce qu’allaient penser mes parents, ma sœur, ma famille, mes amis, bref, tous ces êtres qui m’étaient chers, quand ils découvriraient ma fugue. Peut-être croiraient-ils à un enlèvement ? J’ai chassé ces sombres pensées d’un mouvement de la main. Je n’avais plus à m’en faire pour eux, c’était fini. Peu à peu, ils m’oublieraient, moi, qui filais à deux cent à l’heure sur l’autoroute, le souffle du vent contre ma joue, le souffle du vent qui éloignait à chaque mètre que je faisais tout ce qui me reliait jusqu’alors à mon chez moi.
J’ai roulé, roulé et encore roulé, jusqu’à la nuit.


***
Je ne me souviens plus tout à fait de la journée qui a suivi. Je m’étais arrêtée dormir dans un motel, et je me suis réveillée à l’aurore. J’ai repris ma moto. Je sentais le contact de sa couverture sous ma veste de cuir. Etrangement, il me semblait chaud, vivant. « Un simple carnet », m’étais-je dit pour me rassurer. Et pourtant, la survie du monde tenait en ses pages, aussi étrange que cela puisse paraître. Après, je ne sais plus. J’arrivais près de Paris, il devait me rester une trentaine de kilomètres à parcourir quand ils sont arrivés. J’ai tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. Je ne me suis pas retournée, mais j’ai entendu le sifflement de la balle qui fendait l’air. Je l’ai sentie se ficher dans mon pneu, ainsi que celle qui l’a suivie. J’ai senti ma moto perdre l’équilibre. Je l’ai sentie tomber, et moi avec. En revanche, je ne sais pas si j’ai senti l’impact quand mon corps s’est brisé au sol. Je crois qu’à ce moment-là, j’étais déjà inconsciente. »

Le journal s’est fermé avec un claquement sourd. Dans la nuit, la jeune silhouette qui le tenait a laissé une larme couler sur sa joue. Elle n’a pas tiqué quand une main s’est posée sur son épaule, pas plus que quand on lui a murmuré à l’oreille des paroles voulues réconfortantes. Elle s’est contentée de caresser avec amertume la couverture du carnet, les lettres dorées dont il était orné. Quatre mots, une vie. Un espoir ?


« Journal de Louise B. »






Dernière édition par Melody le Jeu 2 Mai - 19:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.    Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.  I_icon_minitimeMar 17 Juil - 15:57

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~~~


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Une chambre d’hôpital, un lit, et au fond du lit, une silhouette recroquevillée. Tout était si blanc, si froid. Au fond du lit, la silhouette bougeait dans son sommeil. Elle rêvait. Elle se débattait, poussait ses draps, manqua de basculer au sol. Puis elle s’arrêta, d’un coup, et redevint immobile. Pendant deux minutes, rien ne bougeait plus dans la petite chambre 302 de l’hôpital Parisien, dit « Clinique Tenon ». Deux minutes de silence, de vide. Puis elle ouvrit les yeux, l’un après l’autre, tenta de se redresser, mit quelques secondes à y parvenir. Ses muscles étaient endoloris, ses cheveux blonds tous emmêlés. Sa peau blanche semblait plus pâle que jamais, et ses yeux bleus trahissaient une parfaite incompréhension. Elle leva le visage, repéra une caméra au plafond, remarqua au passage qu’elle était vêtue d’une informe tenue blanche et qu’elle portait un bracelet bleu où se détachaient d’un blanc étonnamment immaculé les lettres 229.
La jeune fille secoua la tête, prise d’une volonté de respirer l’air frais. Elle se leva et quitta son lit, en se prenant au passage les pieds dans les fils des machines prostrées de part et d’autre de la pièce. Elle se pencha par la fenêtre, respira un bon coup et regarda la rue grouillante de monde en contre bas. Elle resta là une minute, puis deux… Dans sa tête, les questions se bousculaient : que faisait-elle ici ? Où était-t-elle vraiment ? Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit en grand sur une adolescente aux converses vert fluo – la première chose que l’on remarque chez elle. Elle portait deux longues couettes brunes relevées, elles-mêmes tenues par un flamboyant chouchou orange électrique. Sa blouse blanche d’infirmière gâchait tout l’ensemble. Elle lança un regard vers l’affiche au pied du lit de la détenue, avant de lâcher :
« Louise Blacke, c’est ça ? Bon sang, tu aurais pu prévenir que tu étais réveillée. Ça fait combien de temps que tu es levée ? Et tu vas mieux ? Et…
Mais déjà la jeune blonde ne suivait plus. Elle se sentit mal, comme un coup de poing venait de la cueillir au creux du ventre.
« Louise Blacke, c’est ça ? »
La douleur était terrible. La jeune fille se cramponna au rebord de la fenêtre. Elle vacilla. L’infirmière arriva juste à temps pour la soutenir ; elle tomba de justesse sur le lit d’hôpital aux draps froissés.
-Eeh, ça va ?
La jeune fille ne répondit pas. Elle avait le souffle coupé. Était-ce un cauchemar ? Oui, sûrement. Elle allait se réveiller d’une minute à l’autre. Reprendre ses esprits. Retrouver sa mémoire. Ce n’était qu’un cauchemar, juste un mauvais rêve…
Mais elle se rendit compte bien trop vite que ces mots –les mots- sonnaient faux. Tout sonnait trop faux. Inutile de se rassurer, à présent. Tout avait déjà basculé. Il était trop tard. « Mais pourquoi est-ce que je me raconte ça, moi ? » La jeune fille leva les yeux au ciel. « Louise… » Elle tourna sa tête, lentement, vers l’infirmière. Prit son regard le plus grave, le plus désespéré. Inspira. Expira. Elle avait l’impression qu’elle venait de tomber d’un gratte ciel de milliers d’étages. Elle finit par dire la seule chose qui lui venait à l’esprit en cet instant. C’était comme si le temps venait de s’arrêter.
-Je… Qui suis-je ?
L’infirmière punk plongea son regard dans celui de l’adolescente perdue. Un regard teinté de pitié et de désolation. Elle murmura, plus pour elle-même que pour Louise :
-Ils avaient dit que c’était probable, vu la chute… Pauvre gosse…
-Attendez… Quelle chute ? Et c’est quoi ce fout*ir ?
Tiens, au moins, elle n’avait rien perdu de son si charmant langage. Superbe. L’infirmière poursuivit sans prendre garde aux paroles de la jeune fille :
-Je suis désolé, Louise. Tu as fait une chute en moto… Une grosse chute disons. Tu as atterri la tête la première. Et il semblerait que tu sois amnésique.
L’ado mit un long moment à digérer la nouvelle. Elle le savait déjà, au fond, mais c’était autre chose que de l’entendre. Elle avait des milliers de choses à demander, des milliers de question à poser. Des milliers de sanglots à pleurer, aussi. Mais elle se contenta de murmurer :
-…Et après ? »

~~~
Louise remercia une dernière fois le chauffeur du taxi qui l'avait ramenée chez elle avant d’introduire la clé dans la serrure de la lourde porte de bois –laquelle mit ensuite quelques longues secondes à s’ouvrir dans un grincement digne du pire des films d’horreur quand la jeune amnésique la poussa. « Bienvenue dans le manoir hanté », songea-t-elle. D’autant plus que l’entrée de la maison semblait plongée dans le noir. La jeune fille soupire. Elle se mit à tâtonner dans l’obscurité, à la recherche d’un interrupteur. Elle frôla quelque chose au passage, quelque chose de froid. Et qui dégoulinait. Enfin elle trouva l’interrupteur, mais elle se demanda si ce n’est pas mieux de rester dans le noir, en fin de compte. Mais sa curiosité prit le dessus, et elle alluma.
Elle se trouvait dans une vaste pièce, dont les murs étaient décorés par des photos en noir et blanc, accrochées à un fil par plusieurs pinces à linge en bois. En regardant les photos de plus près, elle y identifia ceux qui devaient être ses parents, d’après ce qu’on lui avait dit d’eux, ainsi que quelques amis, celle qu’elle identifia comme sa petite-sœur –parce qu’en plus, elle avait une sœur- et puis elle-même bien sûr. La jeune fille soupira. Elle était extenuée, et pour cause, elle venait d’effectuer un voyage aussi long qu’inconfortable pour franchir les deux cent kilomètres qui séparaient la clinique où elle avait été internée de sa petite maison de campagne. Elle remarqua un canapé gris taupe au fond de la pièce. Elle s’affaissa dessus, son album photo sous le bras. C’était un gros bouquin de cuivre, que sa sœur s’était chargée de remplir, avec tout plein d’informations sur elle-même, sa vie, ses proches… Elle avait eu tout le temps de l’étudier pendant son voyage, d’abord sur le vol Paris/Lyon, puis dans le taxi qui l’avait ramenée chez elle. Elle avait appris plein de choses sur son passé – sa couleur préférée était le bleu azur, elle adorait les chiens, Hunger Games, la SVT, etc…- mais bizarrement, aucun autre souvenir ne lui était revenu, ce qui l’avait un peu déçue. Le tout correspondait à une bonne centaine de pages noircies au stylo Bic par la main d’une gamine de dix ans qui avait mis tout son cœur dans ce carnet pour aider sa sœur à retrouver la mémoire. Sauf que ça n’avait pas marché.
La jeune fille caressa avec douceur et affection la couverture de cuir de l’album. Au même moment, un bruit de pas retentit dans l’escalier. Louise sentit les battements de son cœur s’accélérer.
« Anaïs ?
Une petite fille d’une dizaine d’années, les cheveux aussi blonds que ceux de Louise, mais coupés aux carré, et la peau légèrement plus bronzée surgit de l’escalier. Elle tenait un cornet de glace à la main. A l’instant où elle aperçut Louise, elle se jeta à son cou.
-Graaande sœuuuuuur !
Louise réprima une envie subite de grincer des dents et répondit chaleureusement à l’étreinte de sa sœur. Une fois que la petite blonde l’eut lâchée, elle eut un sourire joueur et ajouta :
-Eeeeh, c’est bon Anaïs, je vais pas repartir, tu sais. »
La jeune fille sourit affectueusement à sa sœur. Elles étaient heureuses d’être enfin réunies, même si l’une ne se souvenait plus de l’autre.

~~~
« Mais, tu devrais pas être à l’école au fait ?
Le sourire d’Anaïs s’élargit.
-Bah, tu sais, les parents sont en déplacement, alors rien ne m’oblige à y aller…
-C’est sûr que si tu vois les choses comme ça…
-De toute façon, continua Anaïs, l’école, je m’en tape. J’apprends jamais rien et ils sont tous plus débiles qu’au possible.
Louise leva les yeux au ciel, avant de rétorquer avec ironie :
-Ah oui, c’est vrai que tu es une surdouée. J’avais oublié ça.
-Mais c’est vraiiieuh, fais moi calculer quelque chose si tu veux !
-Tss, tss, c’est bon, calme toi. 24 multiplié par, j’en sais rien moi, 76 ?
Anaïs réfléchit pendant une demi-seconde.
-1824 ?
-Ah, euh, ouais, si tu le dis.
Louise avait bien lu dans le carnet photo de sa sœur que cette dernière était surdouée, mais elle ne l’avait pas pris au sérieux – vu le nombre de qualités que s’auto-attribuait Anaïs dans le livre, plus par ironie qu’arrogance, elle s’était tout de suite dit que sa sœur avait plus d’humour que d’intelligence. Comme quoi, elle allait peut être devoir revoir son jugement. La petite sœur de Louise, qui commençait à s’impatienter, lâcha sur un ton désinvolte, bien que chargé d’une joyeuse impertinence :
-Bref. Je finis de te faire visiter la maison ou tu préfères faire des maths ? Cela dit, si tu veux, je peux toujours te faire réviser Pythagore. Je crois que tu t’étais tapée un neuf à ton dernier contrôle.
Louise s’offusqua.
-J’étais si c*nne que ça ?
-Oh, mais rassure-toi, tu l’es toujours.
Anaïs poursuivit la visite de la maison, de la cuisine à sa chambre, en passant par les toilettes. Elle s’arrêta devant une chambre remplie de bibelots, où baignait une lumière tamisée.
-Et là, la chambre de nos vieux. (Elle soupira, avant de continuer.) Je suppose qu’on t’a dit, à l’hôpital…
-Ouais, je sais. Ils sont à l’étranger, et on a pas eu moyen de les joindre.
Elles se turent. Anaïs commença à grimper dans un escalier en colimaçon, qui menait au dernier étage. Elles arrivèrent devant une porte peinte en blanc, que la jeune sœur de Louise poussa, avant d’ajouter :
-Et voilà ta chambre. »
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MessageSujet: Re: Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.    Remember - Melody - K/K+ - ABBANDONE.  I_icon_minitimeDim 25 Nov - 13:00

*~ chapitre deux ~*

« Et voilà ta chambre.
Louise manqua de pousser un cri de stupeur. La chambre était une pièce immense, aux murs d’un magnifique bleu océan. Sur les murs étaient accrochés des peintures, enfoncées dans des cadres peints en blanc par la main d’Anaïs. Les tableaux en questions représentaient pour la plupart des paysages urbains, même si certains étaient plus tournés vers la nature, en particulier l’un d’entre eux qui représentait un lac dont les eaux bleues rivalisaient avec la couleur des murs de la chambre. Louise s’approcha de l’œuvre d’art.
-C’est où ?
-Le Canada, lança Anaïs, qui l’avait rejointe et qui gardait les yeux rivés sur le tableau. Tu crevais d’envie d’y aller, quand tu… Heu…Enfin, voilà.
Anaïs cherchait visiblement ses mots. Un silence gêné s’installa dans la chambre.
-J’aime beaucoup, glissa finalement Louise avec un sourire forcé. La bonne humeur d’Anaïs revint d’un coup, et elle murmura dans un sourire, sans la moindre trace de modestie :
-Merci, c’est moi qui les ai faits pendant que tu étais à l’hôpital.
-Waouh, lâcha Louise, déconcertée. Tu ne m’avais pas dit que tu étais une artiste née.
-Bah. Je devais bien garder des trucs à dire pour quand tu reviendrais, non ?
-Je suppose.
-Ah, pendant que j’y pense, tes fringues sont dans la penderie peinte en bleu, là-bas.
-Sans vouloir t’offenser, tout est peint en bleu, dans cette pièce, glissa Louise avec une pointe de moquerie et d’affection.
-Ouais, c’est vrai. (Anaïs leva les yeux au ciel en souriant.)C’est moi qui ai décoré, en fait. J’ai pensé que tu préférerais. Avant, c’était tout blanc. Autant repartir sur de bonnes bases, non ?
Louise n’en pensait pas un mot, mais elle ne le lassa pas paraître. Elle aurait voulu revoir sa chambre comme elle était avant, comme elle avait sûrement toujours été. Pas repartir sur une nouvelle vie. Mais elle ne tenait pas à blesser sa sœur dès leurs retrouvailles, alors elle se tut.
-Ouais. Merci énormément pour tout ce que tu as fait pour moi.
-De rien. De toute façon, pour être franche, à force de passer mes journées seule ici, je m’emm*rde grave.
-Tu n’es pas en train de me dire que tu ne vas jamais au collège ? Et moi qui croyais que tu étais restée pour m’accueillir… T’as pas peur que tes parents te tuent, après ?
-C’est nos parents, pas les miens. Et puis c’est eux qui ont toujours refusé de me faire sauter une classe, tant pis pour eux. Donc pour répondre à ta question franchement mal dissimulée, non, je ne vais jamais au collège, et ce depuis…(elle fit mine de réfléchir, avant d’annoncer :) trois semaines ? Un peu plus, peut être. Bientôt un mois, quoi.
-T’es complètement timbrée, ma parole. Tu as beau avoir un niveau largement au dessus de la moyenne, tu as besoin de l’école pour assurer ton avenir, tu le sais, ça ?
-Oh, par pitié, on croirait entendre les parents. Mon avenir est déjà assuré, merci. Et puis je te signale que j’ai traversé une période de dépression. J’ai des excuses.
-La crise de la puberté en avance ? ironisa Louise
-Si on veut. Bon, je te laisse, j’ai promis au type de l’hôpital de téléphoner quand tu serais arrivée. Ce vieux malabar tout crouteux doit sûrement se faire du souci. Même si je pense qu’il a déjà oublié ton existence. Enfin. Je suis dans ma chambre si tu as le moindre problème, ok ?
Louise acquiesça. Anaïs quitta la chambre, laissant sa sœur seule dans la grande pièce bleue. Dès que la jeune fille fut sûre que sa sœur était bien partie, elle se jeta sur un tiroir et commença à déverser son contenu sur le sol. Elle retourna tout ce qui lui tombait sous les mains dans un sens, puis dans l’autre. Elle passa de nombreuses secondes à contempler ces objets qui avaient été les siens.
-Vestiges du passé, murmura-t-elle, un petit sourire ironique aux lèvres. »
Louise reproduit l’opération avec tous les autres tiroirs, meubles et boîtes. Elle termina par sa penderie. Elle était assez grande- environ quatre mètres de largeur pour presque deux de hauteur-, mais elle n’était pas aussi remplie. Elle y trouva plein de tee-shirts de couleur, trois chemises à carreaux, deux robes, six jeans, des shorts et plein d’autres habits. Elle eut du mal à s’imaginer que tout lui appartenait. Dans un soupir de mélancolie, la jeune fille se laissa tomber au sol.





~~~
Anaïs referma soigneusement la porte de sa chambre derrière elle, puis elle sorti de sa poche de jean son téléphone portable. C’était un modèle dernier cri que la jeune fille affectionnait tout particulièrement. Elle composa un numéro d’une main experte, puis enfonça le bouton appeler. Une minute s’écoula, puis elle tomba sur la messagerie de son correspondant.
« Bienvenue sur la messagerie Orange de Clive Ford, merci de laisser un message ou de rappeler ultérieurement. Pour laisser un message, appuyez sur la touche 1 après le bip. Pour…
Anaïs raccrocha en étouffant un juron. Elle se décida finalement à taper un sms.
-Salut Clive, dicta à voix haute la petite fille, je suis à la maison avec Louise, RAS pour le moment. Rappelle-moi quand tu peux stp. Espèce de sale lâcheur. »
La jeune fille marqua une pause, puis effaça la dernière phrase. Elle envoya le message puis s’assit sur son lit, en attente d’une réponse.





~~~
Louise était encore assise par terre à ressasser ses pensées lorsqu’Anaïs pénétra dans sa chambre, un plat de ratatouille surgelée (et pas très appétissante) dans une main, une barquette avec du poulet Picard® dans l’autre. Elle les tendit vers sa sœur.
« Ça te convient, pour ce soir ?
Louise leva les yeux vers sa cadette, avant de tenter un sourire forcé et de lancer avec une joie mal feinte :
-C’est parfait, merci.
-Ok, je m’y mets.
-Tu veux un coup de main ?
-C’est bon, merci. Je commence à avoir l’habitude, sourit la petite.
Louise ressentit cette remarque anodine comme un coup au cœur. Elle se sentait coupable d’avoir abandonné sa sœur, bien qu’elle n’y soit pour rien. Elle chassa ces sombres pensées d’un geste de la main. C’était la faute de ses – de leurs- parents si Anaïs s’était retrouvée à vivre seule dans cette immense maison et à sécher les cours. Pas la sienne. Pourtant, le doute persistait. Tandis qu’elle entendait Anaïs descendre l’escalier à pas rapides, elle décida de se changer pour la soirée. Elle sorti de son armoire une chemise à carreaux oranges, qu’elle assortit à un jean clair. Elle enfila aussi une paire de Doc Martins. « Mes bonnes vieilles Docs, comme je disais avant. ». Anaïs avait fait tout un paragraphe sur ces chaussures. D’après elle, elles n’avaient jamais quitté sa sœur depuis qu’elle les avait achetés en 2007 dans une boutique Parisienne où elles étaient soldées. D’ailleurs, Louise les avait aux pieds lors de l’accident, ce qui avait empêché Anaïs de les mettre en photo dans le carnet. Mais depuis, elles avaient été rapatriés à leur maison, et Louise les avait reconnues au premier regard. « Comme quoi, je sais au moins reconnaitre mes chaussures préférées. C’est déjà ça, non ? » La jeune fille esquissa un sourire, avant de sortir de la chambre, après avoir fermé la porte silencieusement. Elle allait rejoindre sa sœur en bas quand elle entendit un téléphone entamer le refrain d’une chanson de Green Day. Louise se retourna avec vivacité. Le bruit venait de la chambre d’Anaïs. Du bas de la maison, elle n’avait sûrement pas entendu sonner son téléphone. L’adolescente se décida à aller décrocher. Elle trouva le portable dans la chambre de sa sœur, enfoui sous une pile de vêtements propres et repassés. Elle tenta de passer la surprise que lui inspirait le téléphone de sa sœur- un modèle super récent, avec écran tactile et d’excellente qualité- et elle lut sur l’écran « Appel entrant : Clive F. ». Elle décrocha.
-Allo ? Anaïs ?
C’était une voix de garçon, qui devait avoir environ un ou deux ans de plus qu’elle, d’après ses pronostiques. Soit environ quinze ou seize ans.
-Heu, non, c’est sa sœur, Louise.
Elle avait prononcé ces mots d’une voix mal assurée. La jeune fille crut qu’elle allait mourir de honte.
-Ah, d’accord. Tant pis, je rappellerais plus tard.
-Je peux vous la… Te la passer si tu…
-Non, la coupa-t-il, c’est bon, merci.
Et il raccrocha. Louise resta quelques secondes à regarder le téléphone, interdite. Sa sœur la tira de ses rêveries lorsqu’elle hurla depuis la cuisine :
-Louise, c’est prêt !
-J’arrive ! »
La jeune fille se leva avec détermination. Elles avaient à parler.





~~~
Quand Louise entra dans la salle à manger, une forte odeur de viande grillée l’assaillit. Elle huma l’air chaud, puis s’assit sur une chaise en face de sa petite sœur.
« Bon appétit ! lança gaiement Anaïs.
-Mhm, ça sent bon.
Louise regarda sa sœur verser la ratatouille dans son assiette à l’aide d’une louche, puis piquer le poulet avec sa fourchette. Une fois les deux sœurs servies, ce fut Anaïs qui commença à manger la première. La cadette des Blacke avait un appétit d’enfer : elle engloutit en quelques minutes le double de ce que mangea Louise en une demi-heure. Quand le repas fut terminé, Louise insista pour débarrasser la table. Anaïs lui indiqua le lave vaisselle, puis elle fila se laver les dents. Perdue dans ses pensées, Louise songea qu’elle avait été tellement soulagée de manger enfin quelque chose de correct (« plus ou moins », corrigea-t-elle en souriant) qu’elle en avait oublié de parler du coup de téléphone à sa sœur. Elle termina rapidement de remplir le lave vaisselle et elle rejoignit la salle de bain au pas de course, seulement, Anaïs semblait être déjà partie. Elle passa par la chambre de sa sœur, la salle à manger, le bureau, mais la petite surdouée restait introuvable. Au début, Louise pensait qu’elle était aux toilettes, mais dix minutes s’étant écoulées, la jeune fille élimina cette hypothèse. Finalement, elle se résigna à abandonner. Elle était sur le point de retourner dans sa chambre pour se mettre en pyjama lorsque des bribes de conversation lui parvinrent de l’étage inférieur. Elle se dirigea vers l’origine du bruit, à savoir la chambre de leurs parents. La porte était légèrement entrouverte, et l’adolescente aperçut sa petite sœur assise sur le grand lit deux places, un téléphone à l’oreille. Elle semblait contrariée, un peu déçue.
-Ah. Bon, bah bonne soirée, je suppose. A vendredi. »
Louise n’entendit pas la réponse de l’interlocuteur de sa sœur. Elle supposa que c’était le fameux Clive, mais elle n’en était pas sûre. Lorsqu’elle entendit sa sœur se lever, elle s’éclipsa doucement. Elles auraient tout le temps pour parler le lendemain.
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